La transformation du monde des paiements s’accélère, mais quel en sera le nouveau paysage ?

Ces dernières années, le monde des paiements a beaucoup évolué avec la montée en puissance des GAFAM et de leurs wallets, mais aussi des FinTech avec des services innovants, si bien que l’on assiste aujourd’hui à une course aux volumes sans précédent.

Tous ces acteurs sont venus concurrencer (voire désintermédier) les banques en se positionnant sur une partie de la chaîne de valeur des paiements.

Plusieurs évènements récents semblaient confirmer que l’avenir des paiements allait de moins en moins s’écrire avec les banques : annonce par Facebook en juin 2019 du lancement de sa cryptomonnaie Libra, rachat début 2020 d’Ingenico par Worldline pour 7,8 milliards d’€ (faisant suite à 3 autres opérations majeures de même nature), déclin du wallet multi-bancaires Paylib.

Dans ce contexte, l’annonce le 2 juillet 2020 par 16 banques européennes du lancement du projet EPI, qui vise à mettre en place une solution de paiement paneuropéenne alternative à @VISA et @Mastercard, fait souffler un léger vent d’optimisme sur la communauté bancaire en ce qui concerne le marché des paiements. Une initiative d’envergure portée notamment par toutes les grandes banques françaises (@BNP @BPCE @CréditAgricole @CréditMutuel @LaBanquePostale @SociétéGénérale), et soutenu par la Banque Centrale et la Commission européenne.

L’objectif du projet EPI est avant tout de garantir la souveraineté européenne dans le monde des paiements ; celle-ci étant apparue indispensable à la lumière de la crise du COVID. A travers le projet EPI, l’enjeu pour les banques est de conserver, voire retrouver, une relation directe avec leurs clients, qu’ils soient émetteurs ou acquéreurs des paiements, et surtout de ne pas se limiter au simple rôle de fournisseur des infrastructures de paiements, comme cela est la tendance actuellement.

Le projet EPI doit au contraire donner l’opportunité aux banques d’offrir à leurs clients de nouveaux services innovants qui vont au-delà de l’immédiateté, du portefeuille numérique ou du paiement P2P. Les services de cybersécurité et de reporting personnalisé notamment pourraient venir compléter cette première liste. Tous ces services, accessibles via des API, vont permettre aux banques de lutter commercialement plus facilement contre les nouveaux entrants, et également de se différentier les unes des autres sur le plan de l’expérience et des parcours client.

Le coût du projet EPI doit faire l’objet d’un chiffrage au cours des 6 prochains mois qui doit intégrer ces nouveaux services innovants et nous savons déjà que l’investissement s’élèvera à plusieurs milliards d’euros.

L’équation économique s’annonce compliquée, car dans cet univers hautement concurrentiel, le coût de la transaction devra nécessairement rester inférieur au coût actuel. Dans ces conditions, le défi majeur du projet EPI sera de pouvoir proposer un modèle économique viable, ce qui n’avait pas été possible pour Monnet, le projet de réseau de paiement européen, conduisant à son abandon en 2012.

Pour nous contacter :
Frédéric Offner, Associé – frederic.offner@newadvise.fr
Karim El Quasri, Directeur – karim.elquasri@newadvise.fr