Le compte de paiement face au compte bancaire : duel sur le marché des professionnels

Considéré comme un véritable relais de croissance pour les banques, le marché des professionnels (entreprises avec un CA max de 2 millions d’euros et jusqu’à 9 salariés) est un marché très hétérogène (composé de 6,4 millions de Pros / TPE dont 2,7 millions d’auto-entrepreneurs) et rentable (PNB moyen par client 4,5 fois supérieur à celui du marché des Particuliers).

Les banques traditionnelles qui historiquement proposent aux professionnelles des comptes bancaires font face aujourd’hui à une concurrence accrue de la part des Néobanques qui, quant à elles proposent des comptes de paiements. Comment cette dualité façonne-t-elle l’environnement concurrentiel sur ce marché ?

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Quelles sont les différences entre le compte de paiement et le compte bancaire ?

La principale différence entre le compte de paiement et le compte bancaire provient de la nature de l’agrément fourni par l’autorité de supervision bancaire (ACPR).

Les acteurs historiques possèdent un agrément d’établissement bancaire qui leur permet de proposer un compte bancaire à leurs clients. 

Les Néobanques s’appuient sur des comptes de paiement grâce à leur agrément d’établissement de paiement (Qonto) ou via des Prestataires de services de paiement (Treezor, Swan, Okali…).

Illustration de la nature des agréments des comptes proposés aux Professionnels

Schéma-Illustration-des-agréments-des-comptes-proposés-aux-professionnels

Les offres et services pouvant être proposés diffèrent selon la nature de l’agrément obtenu. Le compte bancaire permet d’offrir une gamme plus large d’offres et de services alors que le compte de paiement subit moins de contraintes réglementaires.

Tableau-comparatif-des-offres-et-services-des-comptes-de-paiement-et-comptes-bancaires

Comment les comptes de paiement permettent-ils aux Néobanques de se différencier ?

L’utilisation de comptes de paiement par les Néobanques leur permet de se différencier des banques traditionnelles grâce à trois éléments majeurs : 

  • Une tarification attractive : les coûts sont clairement définis et compréhensibles, contrairement à la majorité des établissements bancaires traditionnels qui facturent à leurs clients des commissions de mouvement sur les flux débiteurs hors virements de trésorerie.
  • Des parcours clients fluides et ergonomiques : les comptes de paiements offrent une souplesse aux Néobanques pour qu’ils puissent proposer des parcours clients fluides et sans coutures. 
  • Des fonctionnalités de paiement plus larges : en attendant la mise en place de la DSP3, seuls les comptes de paiements permettent de proposer ces fonctionnalités différenciantes : paiements batch à échéances multiples simplifié, paiement bulk à échéance unique sans authentification multiple simplifiée, encaissement par virements référencés via les IBAN virtuels…

Néanmoins, l’utilisation d’un compte de paiement limite significativement l’offre de financement proposée par les Néobanques.

Pourquoi le modèle économique des acteurs traditionnels est aujourd’hui menacé par les Néobanques avec des comptes de paiement ?

Les Néobanques avec des comptes de paiements menacent le modèle économique des acteurs traditionnels sur deux axes : 

  • Perte de PNB : la commission de mouvement représente une source importante de revenus pour les banques traditionnelles. Sa suppression par les Néobanques remet en cause son maintien et risque donc de diminuer le PNB.
  • Diminution de la connaissance client : l’usage par les Pros d’un compte de paiement en addition d’un compte bancaire, souvent maintenus pour avoir accès au financement, rend opaque pour les banques traditionnelles les flux de paiements et d’encaissements réalisés depuis le compte de paiement. Cette perte de la connaissance client pourrait augmenter le coût du risque.

Les nouveaux acteurs représentent aujourd’hui une véritable menace sur le marché bancaire des professionnels. Pour rester compétitives et maintenir leur part de marché sur ce segment rentable, les banques traditionnelles doivent s’adapter en proposant des parcours 100% digitaux sur la gestion quotidienne et en enrichissant leurs offres de services autour de la gestion de trésorerie.

Ce domaine de la gestion de trésorerie (crédit court terme, placements, …) n’est réellement accessible pour les Néobanques qu’à travers des partenariats avec des acteurs spécialisés qui vont alourdir leurs parcours client, source de leur avantage concurrentiel.

Pour nous contacter :

Frédéric Offner, Associé – frederic.offner@newadvise.fr

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